Recip-e s'est entretenu avec Alain Bourda, chargé de mission de la mutuelle Solidaris, au sujet du projet de numérisation des prescriptions de renvoi entre les oto-rhino-laryngologistes (médecins ORL) et les audiciens. Cette voie présente, à terme, de nombreux avantages pour les patients, les médecins, les audiciens et les mutualités. "Réfléchir à la numérisation ouvre de nouvelles perspectives et permet d'envisager des possibilités qui n'existaient pas auparavant", explique-t-il.“
Avec quelque 72 000 prescriptions de renvoi par an, il s'agit plutôt d'un petit groupe de prestataires de soins de santé qui utilisent les prescriptions de renvoi. Néanmoins, la numérisation du trajet à suivre pour être orienté vers un audicien a récemment été lancée. On estime que d'ici le début de l'année 2026, les audiciens sur le terrain disposeront de prescriptions de renvoi numériques.
"L'importance de la numérisation ne doit pas être sous-estimée. Elle ouvre de nombreuses possibilités, tant pour le patient malentendant que pour l'audicien et le médecin ORL", explique Alain Bourda, pharmacien de formation et chargé de mission de la mutuelle Solidaris. De par sa fonction, il est membre de la commission de conventions à l'INAMI pour les audiciens et fait partie du groupe de travail sur les prescriptions de renvoi digitales Recip-e et INAMI.
Les audiciens sont demandeurs d'une numérisation qui leur apporte également un allègement administratif
M. Bourda explique le trajet à suivre pour être orienté vers l'audicien. "Tout commence avec le médecin ORL. Il détermine que le patient souffre d'une déficience auditive et qu'il peut être aidé par un ou deux appareils auditifs. Ensuite, le médecin ORL fait une prescription pour que le patient soit orienté vers un audicien par le biais de ce que l'on appelle 'l'annexe 17'."
Lorsque le patient se présente chez l'audicien avec la prescription de renvoi, l'audicien délivre la prescription. Cela crée une relation thérapeutique entre le patient et l'audicien. Après un entretien avec l'audicien et les tests nécessaires, le patient reçoit une proposition de l'audicien pour une aide auditive particulière. Il peut le tester pendant la période d'essai qui commence alors. Après la période d'essai, l'audicien remplit le formulaire.
"Comme vous pouvez le constater, il s'agit d'un processus assez administratif. Les audiciens demandent donc la numérisation", explique M. Bourda.
Le double rôle des mutuelles
Dans ce processus, les mutualités assument plusieurs rôles. Tout d'abord, il y a le rôle de contrôle. "Lorsque les patients sont satisfaits de leur(s) appareil(s) auditif(s) et que la période d'essai est terminée, ils se rendent à nouveau chez le médecin ORL. Ce dernier remplit l'annexe 17 et confirme ainsi ce que l'audicien a délivré. Le médecin-conseil de la mutualité évalue la prestation et l'approuve ou non."
Une fois que l'audicien a reçu l'approbation du médecin-conseil, il peut facturer le patient. Le patient paie la facture et reçoit une attestation de fourniture, qui est également envoyée à la mutualité. La mutualité rembourse ensuite l'appareil auditif au patient.
Outre la fonction de contrôle, M. Bourda souligne également le rôle d'information que jouent les mutualités. "Il est frappant de constater que peu de gens connaissent les aides auditives et leur remboursement. Les mutuelles ont donc un rôle à jouer dans ce domaine." Dans le passé, par exemple, Solidaris a collaboré à une campagne avec l'INAMI et des audiciens afin de mieux faire connaître les problèmes d'audition aux médecins généralistes. "Cette campagne visait à attirer l'attention sur les problèmes pouvant être causés par une déficience auditive", explique M. Bourda. "Après tout, un récent rapport de l'OMS a montré que les personnes malentendantes qui ne portent pas d'appareils auditifs sont plus susceptibles de se retrouver dans une situation d'isolement social, de développer une démence, ... La santé mentale est un sujet très discuté, nous devons donc y prêter attention et réaliser qu'un appareil auditif peut être une solution."
Un premier pas vers la numérisation
Il convient de préciser qu'à l'heure actuelle, seules les ordonnances de référence sont numérisées. Les démarches auprès des caisses d'assurance maladie resteront - comme c'est le cas actuellement - sur papier. "Les audioprothésistes aimeraient que tout soit numérisé, mais cette phase n'a pas encore commencé. Toutes les parties espèrent naturellement que cela commencera le plus tôt possible", a précisé M. Bourda.
La numérisation se concentre actuellement sur le trajet de référence entre le médecin ORL et l'audicien par le biais du formulaire 'annexe 17'. Selon M. Bourda, la numérisation de ce formulaire améliorera les soins et réduira la charge administrative, tant pour le patient que pour le médecin et l'audicien.
"Un premier avantage de la numérisation est que la prescription sera plus complète et contiendra plus de contexte. En effet, il y aura des champs que le médecin devra remplir avant d'envoyer la prescription. Cela permettra d'aider le patient de manière plus qualitative. Pour le médecin ORL, il sera plus facile de remplir la prescription de renvoi."
"En outre, l'audicien pourra recevoir et consulter une prescription plus rapidement - par exemple, lorsque le patient appelle pour un rendez-vous - à condition qu'il y ait une relation thérapeutique. Lorsque le patient aura des questions sur la prescription et les posera à l'audicien, ce dernier pourra l'aider plus facilement car il aura déjà la prescription sous forme numérique sous les yeux."
Pour les patients, selon M. Bourda, l'avantage est qu'ils ne peuvent pas perdre la prescription numérique. L'option d'une impression papier reste toutefois possible, tout comme pour la prescription de médicaments. "En effet, les patients qui maîtrisent moins bien le numérique ne se sentent pas toujours à l'aise avec une telle prescription digitale. Et il ne s'agit pas toujours de personnes âgées, qui sont plus susceptibles d'avoir besoin d'une aide auditive. Nous entendons également parler de jeunes qui sont moins à l'aise avec le numérique. Nous ne devons pas les perdre de vue."
Non pas des goulets d'étranglement, mais des opportunités
"Au cours d'un tel processus de numérisation, on réfléchit au processus et on se pose des questions : est-ce que cela a du sens ? Les discussions au sein du groupe de travail ont ouvert de nouvelles perspectives ; la numérisation offre des possibilités qui n'existaient pas auparavant. Par exemple, l'idée pourrait éventuellement être de donner aux patients une vue d'ensemble de tous les audiciens de la région lorsqu'ils reçoivent une prescriptions de renvoi. Cette vue d'ensemble existe déjà, mais elle n'est pas très conviviale. Recip-e pourrait avoir l'idée de la rendre plus conviviale."
"La numérisation offre des opportunités à toutes les parties concernées : le patient, l'audicien, le médecin ORL et la mutualité."